Pour en finir avec une légende : Jean Ray n'a jamais inventé Harry Dickson !

Autant mettre tout de suite les choses au clair, Jean Ray, par ailleurs immense personnage de la littérature fantastique, n'a jamais créé le personnage de Harry Dickson.

Harry Dickson est né à la fin des années 1920 en Hollande de ce qu'on appelle maintenant en bon franglais une «remasterisation» d'aventures pirates de Sherlock Holmes publiées en Allemagne au début du siècle et dont l'agent de Conan Doyle avait obtenu alors l'interdiction.

Mieux, un film en serial muet français avait été tiré de certains de certains de ces fascicules en 1913, le personnage principal devenant... Harry Dickson en remplacement de Sherlock Holmes ! Détail dont s'est apparemment souvenu l'éditeur hollandais...

En devenant traducteur puis «adaptateur» anonyme de la version française des aventures du «Sherlock Holmes américain», Jean Ray a fait, sans le vouloir, que le personnage de Harry Dickson ne meure pas comme tant d'autres de la littérature populaire d'avant-guerre. Mais ce souvenir doit aussi beaucoup à ceux qui se sont attachés au début des années 1960 à rééditer en Belgique les meilleurs fascicules pouvant être attribués à Jean Ray (qui ne se souvenait pas très bien d'ailleurs de la liste exacte de ceux qu'il avait écrit sans jamais les signer...).

Lorsque Mourad Boudjellal, ayant appris que j'aimais les histoires de Harry Dickson, m'a demandé si j'étais intéressé pour en faire une série BD, je lui ai immédiatement dit que j'allais imaginer des aventures inédites et sans lien avec les textes attribués à Jean Ray. Ce que j'ai fait en accentuant le côté fantastique des enquêtes de Harry Dickson et le côté «holmésien» du personnage, autant par ses qualités que par ses travers souvent réjouissants.

Plus que l'appelation consacrée de «Sherlock Holmes américain» qui colle au personnage depuis les fascicules, celle de «Sherlock Holmes de l'Occulte» correspond bien mieux au Harry Dickson qui officie depuis 1992 aux Éditions Soleil...

Laissons donc un peu en paix la mémoire de Jean Ray dans cette affaire, d'autant plus que j'ai enrichi l'univers de Harry Dickson de personnages récurrents de mon cru et qui n'ont rien à voir avec ceux des fascicules traduits ou «réécrits» par lui...


RDN